Inari Renarde
Messages : 797 Date d'inscription : 29/12/2012 Age : 32 Localisation : Terre de Fûka
| Sujet: Manaa Tenebrae - Fiction a quatre mains ~ Dim 20 Jan - 19:46 | |
| Bienvenue sur cette fiction qui, comme son nom ne l'indique pas, est une fiction qui parle du jeu Les loups garous de Thiercelieux avec la participation des personnages du jeu d'Amour sucré. C'est également un texte a quatre mains écrit par moi même Inari ainsi que par Taluna~Petite explication du titre par Taluna (/!\ Attention, pavé ! XD) : Inari et moi-même (Taluna / Lumaziis), avons passé plusieurs heures à nous creuser la cervelle pour trouver un titre qui nous convenait … Il est déjà difficile de trouver un titre qui vous plaise à vous seul, alors imaginez un peu que vous soyez deux à écrire, donc deux à donner votre avis sur le choix du titre ! J’vous raconte pas la galère … Bon, je reconnais aussi qu’on a bien rigolé, qu’on a trouvé des titres sans queues ni têtes ou encore qui n’avaient aucun rapport avec le schmilblick … Puis notre choix s’est finalement porté sur Manaa Tenebrae. Cette révélation est due à Inari, qui a proposé l’idée de reprendre le nom de notre Hameau (communauté) sur le jeu en ligne. La traduction latine de Manaa Tenebrae donne quelque chose comme « Celui qui émane des ténèbres ». Ce qui, il faut bien l’avouer, correspond parfaitement à l’aspect Lycanthrope de la chose. Mais ce titre à une double signification. En grande passionnée de mythologie scandinave, j’avais envie d’inclure un petit bout de ces légendes dans cette communauté. (L’idée de reprendre ce titre pour notre fiction vient d’Inari23, je vous le rappelle) Manaa est un diminutif amélioré de Managarm. Les Managarms sont des loups monstrueux de la mythologie nordique, connus comme étant Hati (« Haine ») et Skôll (« Répulsion »), les loups pourchassant la lune et le soleil. Il est dit que lors du Ragnarök (la fin du monde), ces deux monstres avaleront la lune et le soleil, aspergeant le trône des dieux de sang et plongeant ainsi le monde dans les ténèbres (Tenebrae), tandis que leur père, le loup Fenrir, avalera le reste des astres. (/!\ Fin du pavé ~)Nous traiterons de divers sujets comme la mort, il y aura plusieurs cadavres par chapitre mais rien de sanglant je vous rassure, et nous parlerons aussi de l'homosexualité alors homophobes vous connaissez la sortie ~> Bien que ce soit la première fois que nous écrivions ensemble, cette fiction et loin d'être notre première, voici les liens de nos autres écrits sur le jeu Amour sucré si cela vous intéresses :Par Inari :[Castiel]Comme un rayon de soleil [Terminée][Castiel][Lysandre[Autre]Clameur de loup, Murmure de lune, Chant de lameRecueil d'OS Hors saisonPar Taluna : [Castiel][Lysandre] Abyssus Abyssum Invocat [Castiel][Nathaniel][Autre]Boys will be-boys [Autre][Recueil d'OS] - Sons et LumièresFacebook d'Inari23 ~ Facebook de TalunaComment laisser un commentaire ?- Spoiler:
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Deuxième chapitre :- Spoiler:
Prologue : - Spoiler:
L'heure du couvre feu était passée depuis bien longtemps dans le petit village de Thiercelieux, lorsque la silhouette d'un jeune homme se détacha des ombres. Prudemment, il s'engagea a travers les ruelles étroites du village, il n'était pas question pour lui d'être vu. Non pas qu'il craignait d'éventuelles représailles de la part du maire s'il était prit a roder dans le village après l'heure limite instaurée. Désobéir aux règles était son passe temps favori, tout le monde le savait. Non, ce qu'il craignait surtout, c'était de les rencontrer, eux. Ceux qui avaient été touchés par le Mal et qui chaque nuit, se transformaient en loups pour dévorer les Thierceliens. Il avait beau aimer ne pas faire comme tout le monde, il ne souhaitait pas pour autant se faire avaler.
Un bruit, comme une cape trainant sur le sol, attira son attention. Il s’immobilisa, l’oreille tendue. Un instant le silence régna, puis le son se fit entendre une nouvelle fois. Cela semblait venir de la taverne et il fit donc demi-tour. Il ne s'agissait probablement pas d'un loup - les loups ne portaient pas de cape - mais depuis les premières attaques, un malin avait prit l'habitude de taguer les murs des habitations. Les inscriptions étaient faites au charbon, elles s'effaçaient facilement avec de l'eau mais les informations divulguées -qu'elles soient vraies ou fausses - n'étaient pas aussi simple a faire disparaitre de l'esprit des villageois. Savoir qui était ce maudit Corbeau qui en disait bien trop était certes intéressant mais, pour cette nuit, il avait bien d'autres choses à faire.
D'un pas toujours furtif, le jeune homme continua son chemin vers les hauteurs du village, là où se trouvait sa destination. Il se passerait bien de ce qu'il allait faire d'ailleurs, à la place il serait bien allé courir, mais les accès au village avaient été condamnés, on ne pouvait plus ni entrer ni sortir. Comme le couvre feu et, bien sur, les meurtres, c'était un des nombreux désagréments que les loups garous avaient apportés avec leur malédiction. Et cela le contraignait donc à trouver un autre moyen de vider son esprit, tout ce qui lui restait c'était de parler a quelqu'un. Malheureusement, trouver une personne de confiance a qui s'adresser en ces temps troublés n'était pas chose aisée. S'il choisissait la mauvaise personne et si, de surcroit, il avait raison dans ses doutes, alors il risquait tout simplement de se faire tuer. A l'idée qu'il ne pouvait même plus faire confiance à ses amis, il se passa nerveusement une main dans ses cheveux noirs qu'il portait longs jusqu'aux épaules et cela l'empêcha d'entendre le bruit léger qu'un autre rodeur fit en se dissimulant derrière un arbre à son approche. Une paire d'yeux ambrés le suivit jusqu'a ce qu'il prenne une allée latérale et la fine silhouette se retira dans l'obscurité.
Arrivé où il le souhaitait il fit le tour du bâtiment de pierre, pas question d'entrer par la porte principale alors qu'en temps normal il faisait tout pour ne pas mettre les pieds au temple ! Une simple porte de bois pouvait lui donner accès a la chambre du Père Wilson et il s'apprêtait à jeter un coup d'œil par la fenêtre entre ouverte lorsqu’une voix qu'il ne put reconnaitre se fit entendre a l'intérieur... Chapitre 1 :- Spoiler:
Orwen, le maire du village, fit un pas en avant sur son estrade et balaya de ses yeux d'un bleu translucide, les villageois qui s'étaient massés sur le promontoire. Le Père Wilson était venu le trouver à l'aube et a présent il devait exposer à tous, les décisions qu'ils avaient prises. Voilà qui n'allait pas faire que des heureux, mais c'était nécessaire et il serait fou de sa part d'ignorer les conseils du Père Wilson.
- Des décisions importantes ont été prises très tôt ce matin, annonça Orwen d'une voix forte. Comme vous le savez tous, notre village est désormais touché par le Mal, c'est pourquoi les entrées et sorties de Thiercelieux ont été condamnées : nous ne pouvons pas le laisser se répandre. Cela ne signifie pas pour autant, que nous devons attendre les bras croisés de nous faire dévorer les uns après les autres, par ces maudits loups garous. Il nous faut réagir. A partir d'aujourd'hui, tous les matins nous organiserons un débat. A la fin de ce débat nous voterons et élirons la personne que nous pensons la plus susceptible d'être un loup. Cette personne sera pendue sur les coups de midi et nous pourrons alors voir s'il s'agissait ou non d'un loup, puisque les personnes touchées par le Mal en prennent la forme a leur mort. Le vote n'est pas obligatoire, vous pouvez très bien ne pas participer mais cela n'empêchera pas que l'on vous soupçonne ou vous votes. Je vous déconseille également d'être absent car vous pourriez vous retrouver a être condamné par le village sans même le savoir. Y a t-il des questions ?
Un immense brouhaha lui répondit, Les Thierceliens exprimaient a égales mesures leur approbation ou leur désaccord. Beaucoup râlaient surtout parce qu'en réalité ils n'avaient pas le choix, s'ils ne prenaient pas part aux votes ils seraient suspectés. Au milieu de la foule, Hervé, le vieux boulanger à la fausse allure chétive, réfléchissait à toutes les conséquences que la déclaration du maire allait avoir. Cela leur donnait un moyen de se défendre, certes, mais c'était aussi un bon moyen pour les loups garous de se débarrasser des gêneurs. Il allait falloir garder l'œil ouvert et surtout se faire discret tout en gardant à l’esprit qu’une grande discrétion, attirerait les soupçons à coup sûr. A peine avait-il eut cette pensée qu'à sa gauche une femme éleva soudain la voix.
-Qui peut voter ou ne pas voter ? Et comment allons nous procéder ? -Le vote se fera à main levée, déclara Orwen. Les votants devront avoir passé l'âge de 16 ans. -Est ce que cela signifie qu'on ne peut voter contre une personne de moins de 16 ans ? demanda encore la femme. N’est-il pas injuste d'être accusé sans pouvoir se défendre ? - Etre interdit de vote ne signifie pas l’être aussi de se défendre, Peggy, répondit patiemment Orwen. Nous ferons en sorte qu'il n'y ait pas d'injustices.
La dénommée Peggy plissa les yeux mais n'ajouta rien. Ses questions cependant, en avaient soulevé de nouvelles, qui fusèrent parmi les villageois.
-Qui va compter les voix ? Comment fera-t-on en cas d'égalité ? Et si personne ne soupçonne personne ? Que se passera-t-il si une décision n'est toujours pas prise à midi ? -Du calme, maugréa Orwen, une question à la fois.
Petit à petit le silence revint mais avant que le maire ne puisse ouvrir la bouche, un homme maigre, à la barbiche noire taillée en pointe lui retombant sur le torse, le rejoignit sur son estrade et s'inclina d'un mouvement sec et rapide devant les villageois.
-Je prendrai des notes, proposa-t-il de sa voix nasale. Je ne prendrai pas part aux votes et retranscrirai au mieux ce qui se dit durant le débat. Vous pourrez venir consulter mes papiers chez moi quand vous le souhaiterez. -Je te remercie, Léon, lui dit le maire. Je n'avais pas pensé à faire appel a toi, notre notaire, mais c'est une bonne idée.
Le notaire s'inclina d’une manière particulière qui lui était propre, devant Orwen, puis alla s'asseoir a la table qu'on était vite allé chercher a la taverne après sa proposition. Il sortit tout son matériel, qui le quittait rarement, et commença à écrire.
-En cas d'égalité des voix, reprit le maire, je propose ceci : Je ne prendrai pas part aux votes, même si je suis moi-même accusé, bien sur, précisa-t-il avec un sourire, alors s'il y a balancement entre deux personnes je choisirai qui devra être pendu. Vous pourrez m'en tenir rigueur à votre guise si jamais je venais à mettre à mort un innocent.
Un nouveau sourire éclaira son visage porcin et les villageois acquiescèrent à l’énoncé de la proposition, a l'exception d'une jeune fille aux longs cheveux blonds et bouclés.
-Il n'en est pas question, s'exclama-t-elle d'une voix puissante, ses yeux bleus fusillant le maire. Maman n'est plus là, je n'ai que toi papa. Je ne veux pas que tu te sacrifies de cette façon, car si tu fais une erreur, je suis sure que le village ne te le pardonnera pas. J'ai une meilleure proposition, en cas d'indécision nous n'avons qu'à sacrifier Gredanne ! Elle devait déjà être pendue mais avec les événements récents, cela a été repoussé. Exécuter sa sentence nous permettra d'épargner un innocent et nous laissera plus de temps pour réfléchir.
Des murmures approbateurs accueillirent le discours de la jeune fille au visage angélique et le maire la dévisagea un moment avant de soupirer.
-Très bien Frida, nous ferons comme ça. Je ne veux pas te laisser seule, tu as raison, c'est une très bonne idée de sacrifier cette harpie que nous gardons dans nos cachots. Mais si une nouvelle hésitation survient après la mort de Gredanne alors j'assumerai le choix, c'est mon devoir en tant que maire.
Orwen attendit que sa fille acquiesce, avant de reporter à nouveau son attention sur les villageois.
-Les débats prendront fin à midi quoi qu'il arrive. A cette heure là il ne sera plus temps de débattre, il faudra voter. Et puisque qu'on en parle, l'heure tourne. A présent s'il n'y a plus de questions, le débat peut commencer.
Un silence pesant suivit sa déclaration. Cela n'avait rien de surprenant après tout, personne n'avait envie de se mettre en danger en parlant en premier.
-Quelqu'un a bien du remarquer quelque chose, encouragea Orwen.
Quelques chuchotements se firent entendre cette fois, mais personne n'osa dire ce qu'il pensait à haute voix. Personne sauf Jacynthe bien sur. La fille du boulanger était connue pour avoir un fort caractère, elle ne mâchait pas ses mots et était du genre directe, qu'elle soit la première à parler, ne surprit donc personne.
-Moi, j'ai quelque chose à dire, déclara-t-elle d'une voix forte.
Une trouée se forma immédiatement autour d'elle la laissant seule au beau milieu d’un cercle de villageois craintifs, comme si elle était porteuse d'une maladie particulièrement contagieuse. Hervé lui chuchota quelques mots mais elle ignora son père et prit soin de braquer son regard sur le maire et sur personne d'autre.
-Sur nos quatre derniers morts, trois sont des femmes, déclara-t-elle. Peut être que l'un des loups a une dent contre le sexe dit faible.
Jacynthe prit garde de ne désigner personne en particulier, mais tout les regards se tournèrent automatiquement vers Marcel. Ce dernier écarquilla ses yeux déjà naturellement globuleux, lui donnant l'air d'une grenouille ayant avalé de travers, et il poussa un juron qui mit parfaitement en valeur sa personnalité détestable et sexiste.
-C'est un peu simple comme argument pour accuser Marcel, intervint Bard, un jeune homme au visage angélique. -Tu le défends ? releva Jacynthe. Toi, l'homme à femmes. Toi qui ne supporte pas les mauvais comportements avec les dames, tu défends cet homme que tu abhorres ?
Bard passa sa main dans ses cheveux blonds et offrit un sourire éclatant à Jacynthe.
-Tu as raison je le déteste. Qui dans le village pourrait apprécier, ne serait ce qu'un peu, un tel personnage ? Il est mauvais, pervers et laid comme un pou. Il n'a pas la moindre qualité, et c'est bien pour cela qu'il est tellement facile pour un loup de retourner le village contre lui. -Tout comme il est facile d'accuser celui qui parle en premier n'est ce pas, fit remarquer la fille du boulanger.
Bard s'inclina avec déférence devant elle, sans se détacher de son sourire, mais ne répondit rien. Les messes basses avaient repris de plus belle, centrées cette fois principalement sur Marcel, mais également sur Jacynthe et sur Bard. Au milieu du groupe de forains qui s'étaient retrouvé coincé dans Thiercelieux quand les accès au village avaient été condamnés, Nuria, une gitane, observait tout cela en serrant les dents. Les loups. Elle voulait trouver les loups. Tous. Et elle voulait les voir mourir. Un par un, elle avait décidé qu'elle les débusquerait et leur ferait payer la mort de son fiancé, Adrian. Furieuse, elle essaya d'ignorer toutes les idioties que les villageois murmuraient autour d'elle. Elle était prête à mettre sa main à couper que ni Marcel, ni Bard, ni Jacynthe n'étaient touchés par le Mal. A supposer que les loups garous étaient intelligent, ils n'allaient pas prendre le risque de se faire remarquer en parlant en premier de cette manière. Voir trois innocents se déchirer devait bien les amuser. A peine cette pensée eut traversé son esprit que son regard tomba sur Joshua. Comme a son habitude il avait rabattu une capuche sur sa tête et on distinguait mal son visage, mais Nuria avait la désagréable impression qu'il s'amusait de la situation. Un frisson la parcourut, elle avait toujours trouvé cet homme étrange mais ce n'était pas un argument, en soi. Et d'ailleurs, Adrian l'avait toujours apprécié et elle faisait confiance au jugement de son fiancé. Mais était-il toujours fiable à présent qu'il était mort ? Des larmes emplirent les yeux de Nuria a la pensée qu'elle ne reverrait plus jamais l'homme qu'elle aimait et elle se mordit violemment les lèvres pour se calmer. Elle avait décidé qu'elle ne pleurerait pas. Pas temps qu'il resterait ne serait ce qu'un loup dans le village.
Une petite main se glissa dans la sienne et en baissant les yeux elle reconnut Teluana. La gamine planta ses yeux gris hérités de son père dans ceux, verts, que Nuria avait hérités de sa mère.
-Les loups ont fait exprès de tuer des femmes pour faire accuser Marcel, déclara l'enfant. C'est une cible facile.
Nuria aurait voulut lui demander comment elle le savait mais, sachant qu'elle ne répondrait pas, elle opta pour une autre question.
-Pourquoi tu me dis ça a moi ? -Parce que tu veux trouver les loups. Tout le monde le sait, tu ne prendrais jamais la défense de l'un d'entre eux. -Et pour Bard et Jacynthe ? -Je ne sais pas, répondit Teluana en secouant la tête.
Pendant leur discussion, le débat avait reprit et la majorité de la foule commençait à incriminer Marcel, qui poussait a présent un flot ininterrompu de jurons bien sentis. C'est alors qu'intervint le Père Wilson dont la voix calme et profonde fit taire tout le monde.
-Ne vous précipitez pas, il faut réfléchir calmement plutôt que de s'échauffer. Marcel n'est peut être pas un saint, mais cela ne signifie pas que c'est un loup, nous sommes tous suspects ici. -Dont vous même Père Wilson, fit remarquer Caïn avec un sourire de diable.
Le jeune homme était connu pour ses facéties, et pourtant, plus d'une personne fut choquée par sa remarque, et la stupéfaction générale augmenta encore, quand la dernière personne qu'on attendait voir prendre la défense du Père Wilson se dressa aux côté de ce dernier. Le jeune homme aux cheveux noir lui tombant sur les épaules, foudroya Caïn de ses yeux d'un gris métallique.
-Le Père Wilson, se donnerait la mort plutôt que d'attaquer des innocents chaque nuit, Caïn. Et tu le sais parfaitement, comme chaque personne ici. -Pas si l'instinct du loup est plus fort, objecta Caïn, ses yeux bleus pétillants de malice. -Tu as l'air d'en connaitre un rayon sur le sujet, répliqua Castiel.
Les deux jeunes s'affrontèrent du regard un moment. Caïn ne souriait plus du tout, ce qui ne lui allait pas très bien. Habituellement ses longs cheveux blonds et son air espiègle le rendait séduisant, mais sans cela on se rendait compte qu'il était presque banal. Castiel, lui, avait toujours un air contrarié sur le visage et il était beau comme ça. Autant dire que quand il souriait il devenait sublime. Il n'était pas très aimable, pas serviable non plus et pourtant il attirait une certaine affection, qu'il ne recherchait même pas. Caïn le détestait pour cela et pour bien d'autres raisons encore. S'il avait pu, il aurait aimé lui mettre une raclée, et en public tant qu'a faire mais il savait qu'il ne faisait pas le poids. Castiel était fort et en plus il avait l'habitude des bagarres. Ce n’était pas le cas de Caïn. La voix du maire s'éleva, interrompant la joute visuelle, et tout le monde se tourna vers l'estrade.
-Je pense qu'il est grand temps de passer au vote, annonça Orwen.
Un silence de plus suivit ces paroles. Commençant à être agacé par tout cela, Orwen leva le bras, l'index tendu vers la foule devant lui. Instinctivement les villageois s'écartèrent, laissant à découvert Richard, le tavernier qui n'eut pas le réflexe de se dérober. Richard était l'un des hommes les plus grands et les plus musclés du village, c'était un adepte du levé de poids et son physique en était donc vraiment impressionnant. Qui aurait pu se douter que le tavernier était également un très grand timide ? Dévisagé par le village au grand complet, Richard devint rouge comme une pivoine et manqua de s'évanouir. Heureusement le maire reprit bien vite la parole et il put reprendre contenance tandis que sa femme lui caressait tendrement le bras.
-Puisque personne n'ose voter en premier, ce sera à Richard de s'en charger, décréta Orwen. En échange, toutes les voix contre lui seront comptées comme nulle tant qu'il ne votera que contre des loups.
Les regards se tournèrent à nouveau vers le tavernier, qui semblait éprouver une soudaine passion pour le sol. Plus cramoisi que jamais, il du s'y reprendre à plusieurs fois pour qu'un son ne réussisse à sortir de sa bouche.
-Je n'ai aucune certitude, dit-il d'une petite voix. Alors je vote contre moi même.
De nombreux villageois accueillirent son vote avec des hochements de tête approbatifs, certains marmonnaient de vagues protestations et une minorité se demandait si le tavernier n'avait pas quelque chose à cacher.
-Et bien moi je vote contre Marcel, intervient alors Jacynthe d'une voix forte. -Je vote contre Jacynthe, cracha aussitôt l'intéressé avec haine.
La scène fit sourire Bard mais il s'abstint de faire un commentaire, et ne vota pas non plus.
-Je vote aussi contre Marcel, déclara Caïn en se glissant aux côtés de la fille du boulanger. -C'est une erreur, rugit alors Nuria qui lâcha la main de Teluana pour aller se planter devant Jacynthe et Caïn. Marcel n'est pas un loup, j'en suis certaine. Et Jacynthe non plus, elle est trop intelligente pour se faire remarquer de la sorte, si elle avait été loup elle aurait été plus discrète. Je vote Caïn !
De nouveau, la surprise envahit les Thierceliens. Presque personne ne comprenait pour quelle raison la gitane accusait le diablotin du village, qui, s'il était un peu trouble fête, n'était pas bien méchant au final.
-Je vote aussi contre Caïn, dit Castiel en se plaçant auprès de Nuria. -Je vote contre Marcel, affirma une jeune femme aux cheveux argentés du nom de Rosalya. Cet homme est mauvais et même si nous nous trompons ce ne sera pas une grosse perte, ajouta-t-elle en lançant un regard venimeux au petit homme qui l'abreuva d'insultes en retour. -Ce n'est pas un argument acceptable Rosalya, répliqua Nuria. Le but n'est pas de punir les gens que nous n'aimons pas. Il y aura un mort à la fin de ce vote, un vrai mort, ce n'est pas un jeu.
Rosalya ignora la gitane en levant le nez d'un air buté et dans le même temps, trois forains vinrent se ranger derrière Nuria. Un mouvement de foule eut alors lieu parmi les villageois et le nombre de votes contre Marcel, qui évoquait à présent un batracien que l'on aurait remplit d'eau bouillante tellement son visage était rouge, se porta a dix neuf. Paniqué, le petit homme essaya de fuir en repoussant les gens autour de lui, mais il se heurta durement au forgeron du village, qui l'immobilisa d'une poigne de fer. Les votes se poursuivirent, beaucoup de gens s'abstinrent de donner un nom mais à midi, une écrasante majorité désignait Marcel comme le coupable du jour. On lui proposa de se confesser au Père Wilson mais il refusa, complètement sonné. On lui passa une cagoule noire sur la tête puis on le conduisit à l'échafaud. Enfin on appliqua la sentence. Mais son corps resta humain et ne prit jamais la forme d'un loup. Les villageois de Thiercelieux venaient de tuer leur premier innocent. Chapitre 2 :- Spoiler:
Marcel fut inhumé quelques heures après la fin du vote. Le père Wilson avait pris le temps de lui organiser un cortège funèbre mais, à son plus grand regret, seule une minorité de villageois avaient fait le déplacement pour accompagner la dépouille jusqu’à sa dernière demeure. Cela s’était donc passé dans l’intimité de quelques proches de feu Marcel, surnommé le nabot, ici, au village. L’enterrement n’avait pas duré bien longtemps. Le père Wilson avait prononcé quelques mots, Marta, qui avait fait le déplacement en souvenir de sa sœur aînée, tuée la première nuit par les loups, avait versé quelques larmes sur l’épaule de sa grande amie Marla qui l’avait accompagné. Elle était venue pour Marcel, mais également pour Olga car, à la surprise générale, l’on avait découvert un jour que ces deux là s’entendaient comme larrons en foire. Olga était la seule femme que supportait Marcel et inversement, Marcel était le seul homme du village qu’Olga ne trouvait pas idiot ou indigne d’intérêt.
Son neveu, Caïn, fils adoptif d’Olga, avait accepté de l’accompagner pour la soutenir, ce qui, en premier lieu, l’avait surprise car ce n’était pas dans les habitudes du jeune homme, mais elle s’était laissée bercée par l’idée que la perte de sa mère l’avait peut-être changé quelque peu. Celui-ci avait d’ailleurs obstinément refusé de tourner la tête en direction du cercueil, préférant de loin s’intéresser à une anfractuosité dans le mur qui encerclait le cimetière. Il avait ainsi boudé durant toute la courte durée de la cérémonie, ignorant royalement les regards que lui lançait sa tante Marta.
La petite assemblée s’était finalement dispersée lorsque le cercueil fut enseveli. Marta, suivie de son amie Marla, que tout le monde surnommait la Dame aux Fraises en raison de sa gentillesse et du fait qu’elle partageait gracieusement les fraises de son jardin, s’avança dans la rue, en direction du petit jardin municipal. Elle se retourna pour regarder Caïn s’éloigner à l’opposé, partant vers le centre du village. Intérieurement, elle avait de la peine pour ce garçon qu’elle avait connu tout jeune, alors que sa sœur le recueillait.
De son côté, le jeune homme aux yeux bleus arpenta les rues pour rejoindre la place du village sur laquelle s’était tenue la mise à mort de Marcel. Il se prit à sourire en songeant à la façon dont sa mère adoptive était morte, assassinée par les loups. Il haïssait cette femme. Il lui avait toujours voulu du mal. Elle qui l’avait recueilli, elle qui avait toujours été si mauvaise avec lui. Il se félicita intérieurement, d’être capable de ne pas pleurer sa mort. Il songea finalement que les loups faisaient du bon travail, en débarrassant le village des gêneurs. Ne manquait plus que Castiel et quelques autres, et lorsqu’ils seraient morts, Caïn serait enfin tranquille. Ses yeux se plissèrent et son sourire dévoila des dents légèrement pointues.
Perdu dans ses pensées, il ne remarqua même pas que l’un de ses ennemis jurés, le jeune Castiel, justement, se tenait appuyé au mur de la taverne, discutant tranquillement avec Bard. S’il les avait vu, son humeur aurait sans doute changé du tout au tout, passant de la joie d’imaginer sa mère adoptive au fond d’un trou, à la haine que lui évoquait ces deux jeunes hommes, la colère de ne pas pouvoir rivaliser avec eux. Il continua son chemin donc, sans les remarquer, pour rejoindre ses deux amis derrière la mairie. Il s’agissait là de leur fief, ils aimaient se retrouver là car c’était l’un des seuls endroits du village que personne ne visitait jamais. C’était un espace sombre, arrondi, comme une cour, dans lequel traînaient d’innombrables détritus, allant de la simple bûche au vieux tonneau de vin vide.
Son regard se posa sur ses compagnons, qui discutaient, la mine sombre.
-… mais ce serait particulièrement dangereux, si on se fait prendre, tu sais ce qui nous arrivera ! fit un jeune homme aux cheveux blonds. -Nathaniel, tu t’inquiètes toujours de tout lorsqu’il s’agit de transgresser les règles. On peut très bien passer le mur d’enceinte sans être repérés ! Plus personne n’ose sortir la nuit à cause des loups ! lui répondit Caïn en s’approchant. -Ah, salut Caïn. J’étais en train d’expliquer à Vianney que ce plan était trop dangereux ! Mais visiblement … tu te ranges de son côté… -Nathaniel, tu sais … Caïn a raison, personne ne sort plus après le couvre feu ! On ne se fera certainement pas prendre, renchérit le dénommé Vianney. -Je ne te reconnais plus. Toi qui es d’ordinaire si craintif, voilà que tu en viens à essayer de me convaincre de participer à un plan … suicidaire ! Je ne sais pas ce que Caïn a été te mettre dans le crâne, mais ne comptez pas sur moi pour vous accompagner ! Je préfère rester à l’intérieur du village. Je n’ai pas envie d’attirer les soupçons sur moi, finit par dire Nathaniel à l’attention de ses compagnons.
La discussion se poursuivit en chuchotements, tandis que les deux garçons essayaient tant bien que mal de convaincre le troisième.
De leur côté, Castiel et Bard discutaient de ce qu’il s’était passé lors du débat. Tous deux en étaient arrivés à défendre le pauvre Marcel, sans se concerter. Une certaine confiance, mêlée tout de même de méfiance, commençait à s’installer entre eux à mesure qu’ils parlaient, échafaudant des plans pour démasquer les loups. Tous deux pensaient Nuria innocente. La gitane avait fait preuve d’un discernement sans précédent dans l’histoire du village. Elle avait retourné la situation en quelques mots, prétextant que les loups se servaient de Marcel pour ne pas se faire démasquer, ne tuant alors que des femmes, afin de le faire accuser à leur place. C’était ingénieux. Ingénieux et diablement efficace. Marcel étant détesté par la plupart des villageois, ils avaient sans doute vu là un bon moyen de se débarrasser de ce petit homme méprisable, quitte à tuer un innocent.
Alors qu’ils étaient pris dans un débat passionnant, les deux jeunes furent sortis de leur transe par un cri. Un hurlement de douleur, semblait-il, et cela venait de l’intérieur de la taverne. Echangeant un regard, ils se précipitèrent à l’intérieur pour découvrir que Lena était au sol. Son mari, Richard, que tout le monde aimait appeler le Tavernier, se trouvait agenouillé à ses côtés. Il lança un regard plein de détresse à Castiel et Bard qui étaient entrés en courant, puis murmura quelque chose que ni l’un ni l’autre ne comprirent.
-Que se passe-t-il ? demanda Bard, affolé. -Lena … Lena va … Elle va … Accoucher, d’une minute à l’autre… articula péniblement Richard. -Je vais chercher le prêtre ! cria Bard avant de sortir en trombes de la taverne. -Tout ira bien si je m’absente pour aller chercher Grive ? demanda Castiel. -Ou … Oui, je pense que ça ira mais … faites vite… répondit Richard, rendu rouge comme une pivoine par l’angoisse de voir sa femme dans cet état, et l’obligation qu’il avait de communiquer avec des gens.
Castiel ne répondit pas à Richard. Il sortait déjà à toute vitesse de la taverne. Il devait se dépêcher d’aller trouver Grive, la femme médecin du village, et il espérait surtout que l’étrange dame serait chez elle et non en train de fureter chez l’un ou chez l’autre en quête de plantes ou même de compagnie. C’était une manie que tous lui connaissait : il lui arrivait de temps à autres, de venir frapper à votre porte pour vous demander si vous n’aviez pas un peu de valériane ou de lavande séchée en votre possession, ou bien pour vous demander de lui offrir une infusion ou un thé. Plus personne ne s’en offusquait. Grive était étrange, mais n’était pas mauvaise et puis, ses remèdes, bien que peu conventionnels, étaient rudement efficaces contre toutes sortes de maladies.
Pour gagner du temps, le jeune homme aux cheveux noirs bifurqua dans une ruelle qui menait, d’un côté à un passage permettant de gagner la rue où vivait Grive plus rapidement, et de l’autre, à la cour arrière de la mairie, lieu délaissé de tous. Manquant de trébucher et de se briser la cheville au passage sur le chemin de terre et de graviers, il ralentit quelque peu son allure, le temps de retrouver un sol plus stable, lui permettant de courir. Il s’arrêta cependant au coin d’un mur, des éclats de voix lui parvenant depuis la cours abandonnée de la mairie. Il se pencha légèrement en avant et put distinguer trois silhouettes dans la pénombre. Il s’agissait de trois garçons, environ le même âge que lui, et il n’eut aucun mal à deviner de qui il s’agissait. Leurs voix lui parvenaient comme s’il était à leurs côtés et ces timbres particuliers sonnaient à ses oreilles comme appartenant à trois de ses camarades de classe. Nathaniel, Vianney et Caïn prenaient chacun à leur tour la parole, ne se souciant guère de qui pourrait les entendre. Ils se sentaient certainement en sécurité, dans ce lieu reculé, songea Castiel.
-Oh Nathaniel, cesses de faire ta mijaurée ! T’es pas le chef ici, ça c’est mon rôle et je te dis que tout se passera bien si on sort en douce cette nuit. Tu n’auras qu’à nous suivre, fit un premier jeune homme. -Je refuse encore une fois, Caïn. Il n’est pas question que je foute les pieds en dehors de cette enceinte de malheur, je n’ai pas envie de me faire attraper par les gardes ou pire encore, me faire croquer, répondit Nathaniel à l’attention de ses deux comparses. -Mais Nathaniel … Tu sais … Il y a peu de chances pour que les gardes soient de sortie … Ils seront probablement à la taverne, comme les autres soirs…Et puis ils ne sont que deux après tout … ajouta le dénommé Vianney. -Ecoutez tous les deux, reprit patiemment Nathaniel, j’ignore comment vous savez que les gardes se retrouvent à la Taverne le soir venu, ni comment vous connaissez leur nombre, mais je refuse catégoriquement d’être mêlé à ce plan là. Pour ce dont on a parlé hier, pas de soucis, je suis avec vous. Vianney et moi, on s’occupera de Castiel, puisque toi, Caïn, il te hait. Si tu l’approches, il se méfiera et finira par se douter de quelque chose. Sans compter que c’est toi qui doit mener le plan à son terme et si tu es aux prises avec lui, tu n’en auras pas le temps. Sur ce, les amis, moi je vous laisse. Libre à vous d’aller vous faire dévorer cette nuit, mais ne comptez pas sur ma présence. A plus tard.
Castiel devait agir rapidement, Nathaniel était sur le point de regagner le passage dans lequel il se trouvait et si sa présence ici était découverte, cela ne présagerait rien de bon. Il était doué en combat au corps à corps, et ni Nathaniel, ni Vianney, ni même ce cher Caïn n’avaient assez de force physique pour rivaliser avec lui. Mais à trois contre un, cela restait tout de même un pari risqué. Doucement, sans faire le moindre bruit, il revint sur ses pas. Après deux mètres en marche arrière, il fit volte face et courut jusqu’à se retrouver devant la Mairie. Il reprit difficilement son souffle et retint presque sa respiration lorsque, quelques secondes plus tard, Nathaniel apparaissait sur la place. Il se stoppa et observa Castiel une minute. Pour ne pas paraitre suspect, ce dernier avança dans sa direction et salua le blond d’un geste en annonçant qu’il devait au plus vite trouver Grive. Il accéléra le pas en entrant dans le chemin et ne tourna même pas la tête en direction de Vianney et Caïn, qui se trouvaient toujours dans l’arrière cour.
Castiel déboula dans une rue plus large et entreprit de se rendre jusque chez Grive. C’était une petite maison tout ce qu’il y avait de plus normale, vue de l’extérieur. Mais tous ceux qui y étaient un jour entrés, savaient plus que quiconque qu’il ne fallait pas se fier aux apparences.
Le jeune homme aux cheveux noirs arriva à destination sans croiser personne et frappa trois coups à la porte de Grive, en espérant qu’elle serait là. Soudain, il entendit un fracas énorme de l’autre côté de la porte de bois, un juron étrange fusa et la planche de chêne tourna sur ses gonds en grinçant. Une petite bonne femme aux yeux exorbités apparut. Ses cheveux disparaissaient sous un châle prune, et une dizaine de colliers de perles s’entrechoquèrent dans un bruit presque métallique alors que Grive se redressait pour regarder son visiteur dans les yeux.
-C’est pour quoi ? Demanda-t-elle. -Grive, venez vite ! C’est Lena, elle est sur le point d’accoucher ! répliqua Castiel en se retenant de reculer.
Grive ne répondit pas. Elle se contenta de retourner dans la pièce principale de sa petite maison, fouillant parmi les tas de fioles et de bocaux. Elle extirpa un sac de toile vert de sous un tas de tissus et entreprit d’y glisser nombre de remèdes et d’instruments. Elle renversa sans même sourciller des dizaines d’objets plus étranges les uns que les autres. Castiel trouvait la pièce étrange. Des tentures colorées pendaient aux murs, des dizaines de chandelles fondaient sous leurs flammes et plusieurs bâtons d’encens brulaient aux quatre coins de la pièce. Les affaires de la femme médecin s’étalaient un peu partout, rien ne semblait rangé. Pourtant, Grive semblait parfaitement s’y retrouver, ne cherchant que très peu les objets qu’elle enfonçait dans son sac, comme si elle savait exactement où tout se trouvait. Elle enfourna un tas de tissus blancs, puis se dirigea droit vers Castiel qui se tenait toujours sur le seuil de la porte. Elle le poussa sans ménagement, claqua la porte, et partit sur le chemin de la Taverne, talonnée par un Castiel quelque peu interloqué. Ils arrivèrent tous deux à destination quelques minutes plus tard. Le père Wilson se trouvait déjà là, accompagné par un Bard essoufflé, et Richard, le Tavernier, soutenait sa femme Lena pour l’aider à s’allonger sur une table. Grive s’affaira aux côtés de la future mère et s’agita en plaçant un long drap blanc sur les jambes de Lena.
-On voit la tête ! annonça-t-elle soudain. Les petits gars, amenez moi de l’eau chaude et venez m’aider à la tenir en place ! ajouta-t-elle en s’adressant à Bard et Castiel.
Les yeux des deux jeunes hommes s’ouvrirent pour former deux paires de billes rondes. Ils échangèrent un regard, puis d’un accord silencieux, partirent tous deux en courant, fuyant cette scène qui les dégoutait quelque peu. Ils se retrouvèrent à l’extérieur de la Taverne et, alors que Grive leur hurla de revenir, ils repartirent au pas de course, le plus loin possible de cet endroit.
A l’intérieur du troquet, Richard semblait sur le point de perdre connaissance. Le père Wilson le fit asseoir dans un coin de la pièce et rejoignit Grive pour l’aider dans son intervention. Lena criait, Grive chantait, Richard murmurait d’inaudibles paroles dans son coin et le père Wilson priait intérieurement. Cette scène était des plus insolites et le père Wilson félicita silencieusement la femme médecin d’avoir fait fuir ainsi les deux jeunes hommes.
Après une heure, des pleurs fendirent l’air de la Taverne.
-C’t’un p’tit gars ! annonça fièrement Grive.
Lena sourit lorsque la petite bonne femme lui déposa son fils entre les bras. Richard s’approcha en trainant les pieds, il semblait perdu. Il se posta devant sa femme et le père Wilson lui posa une main amicale sur l’épaule.
-Voilà une bonne chose pour vous, dit-il. Les nuits seront dures avec les pleurs du petit, mais les loups, s’ils ne sont pas totalement idiots, ne prendront jamais le risque de venir dans un lieu où les habitants sont éveillés. Je pense qu’on peut parler d’immunité, expliqua le prêtre en souriant. -Il vous faudra garder le lit durant plusieurs jours ma p’tite dame, lâcha Grive. Et puis, il faut un nom au petit ! -Il s’appelle Hector, répondit Lena en souriant.
Grive entraina le Père Wilson à l’écart une minute, pour lui faire part d’un fait inquiétant.
-Mon père, commença-t-elle, j’dois vous parler des autopsies de ceux qui ont été croqués par les loups. Il semble que deux victimes aient été dévorées par la meute entière, mais les deux autres, ont été croqués par un seul loup. Je pense que l’un d’eux est plus affamé que le reste de la troupe. -Je vois … De qui s’agit-il ? Je veux dire, les deux victimes du loup solitaire, demanda Wilson. -Adrian, le fiancé de la Gitane a été dévoré par un seul loup et également… Olga, la mère du petit Caïn. -Je vois … Cela signifierait que depuis deux nuits, un loup sort après les autres pour dévorer un second villageois… Il va falloir être vigilants et démasquer ce loup en priorité. Je vais réfléchir à un moyen de le coincer. Merci de m’avoir prévenu, Grive. -Oh mais de rien mon père ! répondit la petite femme médecin.
Tous deux retournèrent auprès de Richard, Lena et leur fils. Demain, ils annonceraient la bonne nouvelle au village, mais pour l’heure, Lena devait se reposer. A l’extérieur, la nuit commençait à tomber. Le couvre feu serait bientôt sonné par le chef du village et Grive proposa de rester auprès des jeunes parents durant la nuit. Le couple accepta volontiers cette aide bienvenue et saluèrent le père Wilson qui avait choisi de rentrer chez lui.
Le soleil déclinait fortement lorsque la cloche retentit trois fois. Les trainards regagnèrent bien vite leurs habitations et bientôt, il fit nuit noire, tandis que le village s’endormait dans la peur et l’angoisse. Tous se demandaient silencieusement qui allait être dévoré cette nuit.
Au milieu des ténèbres de la nuit, nombre d’habitants sortirent un par un de chez eux. Ils se dirigèrent tous vers un endroit, en retrait du village, à l’abri des regards indiscrets. Les uns après les autres, ils se changèrent en loups Garous. Et l’un d’eux prit la parole.
-Mes frères, qui allons nous dévorer cette nuit ?
Plusieurs lui répondirent en grognant, d’autres lancèrent des noms au hasard. Ils débâtirent longuement, y allant de leur avis, puis se décidèrent finalement pour une victime de sexe masculin et un long hurlement déchira la nuit.
Alors qu’ils s’en allaient sonner le glas de leur nouvelle proie, ils ne remarquèrent pas qu’une paire d’yeux bruns les observait dans l’ombre.
La nuit continua son cours sans se soucier de ce qu’il se passait sous son couvert. Le village de Thiercelieux ne tarderait pas à se réveiller avec le soleil levant. Les timides rayons vinrent caresser le village à l’aube, sortant des songes, éveillant les villageois, éclairant le corps de nouvelles victimes. Chapitre 3 : - Spoiler:
Un nouveau jour se lève sur le village de Thiercelieux. Le souvenir de la veille restait gravé dans la mémoire des habitants, ils redoutaient cette nouvelle journée. Un nouveau vote les attendait et tous avaient peur de faire encore une victime innocente. De plus, chacun savait que la nuit aurait apporté son lot de mauvaises nouvelles, entrainant le chagrin et le regret, d'apprendre la perte d'un nouveau villageois.
C'est donc sur ces pensées peu joyeuses, que les habitants du village de Thiercelieux sortirent de chez eux, pour se rejoindre sur la place du village, où les attendait déjà le maire, Orwen. Ce dernier attendait stoïquement l'arrivée des compteurs d'âmes, les cinq personnes qui s'étaient portées volontaire pour recenser les habitants, afin de savoir le plus vite possible qui étaient les victimes de la nuit. Son regard balaya la foule et il vit Richard, le tavernier qui était venu seul. Sa femme Lena devait être restée à la taverne avec leur nouveau né. Orwen n'aperçut pas Grive non plus, il en conclut que la femme médecin devait se trouver auprès de la jeune maman. Comme la veille les forains étaient entre eux, légèrement a l'écart des villageois. Léon arriva à petits pas tranquilles, son éternelle sacoche marron pendant a son épaule et il s'installa à la table qui lui était destinée. Laurent, son neveu, l'accompagnait et se posta en sentinelle près de lui. Les deux hommes étaient très proches, ils avaient pour habitude de prendre le thé ensemble a heure fixe et ils étaient connu pour leur calme et pour leur sagesse. Si Léon ne comptait pas prendre part au débat, l'avis de Laurent en revanche, allait certainement avoir beaucoup de poids. Chris, un adolescent aux cheveux roux lui tombant sur les épaules, fendit la foule pour venir se glisser auprès de Laurent. Le Renard, puisque c'était là son surnom officiel, était un orphelin placé sous la tutelle du Père Wilson et il était connu pour fureter partout dans le village. Il connaissait de nombreux secrets mais n'était pas vraiment bavard cela dit, alors sa curiosité était plutôt bien prise. Orwen observa le garçon un instant mais il fut interrompu par les compteurs d'âmes qui paraissaient vraiment agités. Ils foncèrent sur lui, bousculant quelques personnes au passage sans y prendre garde et commencèrent leur rapport dans des chuchotements fébriles. Le maire écarquilla les yeux avant de reprendre contenance et monta sur son estrade afin d'attirer l'attention des villageois.
-J'ai une nouvelle importante à vous annoncer, déclara-t-il d'une voix forte. Cette nuit il n'y a eut qu'un seul mort.
Un brouhaha s'éleva de la foule de villageois et on entendit même quelques viva mais la liesse générale retomba bien vite quand Peggy prit la parole.
-Qui est le mort ? demanda-t-elle, rappelant au passage que, même s'il n'y en avait eut qu'un et pas deux, il y avait tout de même eut une personne assassinée durant la nuit. -Il s'agit de Marine Silvas, la couturière, informa le maire.
Un certain soulagement traversa la grande place. Marine était une femme seule, sans réelles attaches. Elle avait emménagé à Thiercelieux quelques mois plus tôt mais ne s'était liée à personne. Elle passait son temps dans son atelier de couture et on la voyait rarement en dehors. Sa mort était triste mais il n'y avait pas grand monde pour vraiment la pleurer puisque personne ne l'avait vraiment connue.
-Les loups semblent cibler les personnes seules, remarqua Laurent avec justesse. Il vaudrait mieux pour chacun d'entre nous de faire en sorte de ne pas l'être. -Je pensais que l'un des votants d'hier serait tué, dit Chris a côté de lui. -C'aurait été idiot, lui répondit Laurent en se tournant vers lui. Cela aurait indiqué qu'un loup se trouve dans l'un des deux camps, celui qui n'aurait pas subit de dommage. Cela dit, qu'ils ne l'aient pas fait nous apprend qu'il y en a effectivement un, même si nous ne savons pas dans lequel. Cela peut aussi signifier qu'il y a un loup de chaque côté.
Chris hocha la tête pour signifier qu'il avait comprit et tourna son regard ambré pour examiner un par un chacun des votants de la veille.
-Cela peut signifier que les personnes seules qui n'ont pas encore été attaquées sont suspectes, remarqua Bard. -Pas forcément, le contredit Laurent. Personnellement je ne pense pas qu'on puisse se baser sur l'identité des personnes épargnées jusqu'a présent. Je parierai que la moitié des personnes décédées ont été prises au hasard. -Moi, je suis sur que Marine fait partie de la moitié choisie avec précision, déclara Caïn.
Les villageois se tournèrent vers lui, il affichait un air supérieur. Castiel lui jeta un regard haineux qui n'échappa pas à Bard et il lui posa une main sur l'épaule en signe d'apaisement.
-Marine ne faisait pas d'histoire, poursuivit Caïn d'un air assuré. Il était difficile de se disputer avec elle, surtout parce qu'elle parlait peu. Pourtant il y a bien une personne dans le village qui a réussi à se quereller avec elle.
C'était bien l'embêtant avec les villages comme celui de Thiercelieux, tout le monde finissait par être au courant de tout et ainsi, tous les regards se tournèrent vers Régis sans que Caïn n'ait besoin de citer son nom. L'homme blêmît sous le poids des regards qui s'accumulaient sur lui mais ne trouva rien à dire pour sa défense. Il avait en effet eut des maux avec la couturière, il l'avait courtisée plutôt ardemment et il avait fallut qu'elle porte plainte auprès du Maire pour qu'il la laisse un peu tranquille. Et il avait très mal prit cela, tout le monde le savait bien.
-Je ne l'aurai pas tuée pour autant, tenta de se défendre Régis. Mais agir ainsi alors que j'aurai été accusé aussitôt n'est pas très intelligent, pourquoi j'aurai fait ça ? -Justement pour te défendre, répondit aussitôt Caïn. Tu fais une chose idiote puis tu prétends que justement tu n'aurais jamais fait quelque chose d'aussi stupide. C'est diabolique.
De nombreux murmures accueillirent les arguments de Caïn qui se rengorgea et Bard du raffermir sa prise sur l'épaule de Castiel pour lui rappeler que se faire remarquer n'était pas une bonne idée. De son côté, Nuria garda le silence également. Elle avait bien comprit que ne faisant pas partie du village, on ne l'écouterait pas avec assez d'attention. Caïn était connu pour un être un farceur pas vraiment méchant et beaucoup de monde préférait se fier a lui plutôt qu'a elle. Qu'importe, elle attendrait son heure et quand elle serait là, elle frapperait fort et bien.
-Je ne pense pas que Régis soit un loup moi, déclara Jacynthe. Je regrette de m'être trompée a propos de Marcel mais je ne ferai pas deux fois la même erreur. -Vous voyez ? lança Caïn aux Thierceliens. C'est une preuve de plus qu'il est coupable. Jacynthe est aussi une louve, hier elle a fait tuer un innocent et aujourd'hui elle défend un membre de sa meute. -Tu sais parfaitement bien que c'est faux, rétorqua Jacynthe. Tu n'as pas mis longtemps à me suivre hier, on peut même dire que tu as sauté sur l'occasion de tuer un innocent en te cachant derrière quelqu'un d'autre. -Nous verrons bien si j'ai raison alors, répliqua Caïn avec une confiance absolue. Je vote contre Régis.
Un véritable brouhaha monta de la foule de villageois et le Maire du élever la voix pour rétablir le calme.
-Caïn, c'est a Richard de voter en premier ne l'oublie pas, modéra Orwen.
Le Maire se tourna vers l'intéressé qui rougit violemment, comme a son habitude et qui lança autour de lui des regards un peu paniqués.
-Je ne sais toujours pas, bafouilla-t-il. Je... Je vote encore une fois contre moi même. -Je vote contre Régis, dit une nouvelle fois Caïn. -Je vote contre Caïn, déclara Jacynthe. -Je maintiens mon vote d'hier contre Caïn, intervint Castiel. -Moi également, annonça Nuria. -Je vote contre Jacynthe, décréta Rosalya en se mêlant aux votants. -Je pense que Caïn a raison, déclara Nathaniel, je vote contre Régis.
Les votes se poursuivirent ainsi, Bard décida de voter contre Caïn, comme la majorité de ceux qui, la veille, avaient agit de même et quelques personnes se liguèrent contre Jacynthe. Cela dit, aucun des deux camps ne put faire le poids face aux nombres de voix contre Régis et à midi pile il fut conduit à l'échafaud et pendu sans autre forme de procès. Mais encore une fois le village avait fait une victime innocente et c'est le cœur lourd que la plupart des Thierceliens rentrèrent chez eux.
De son côté, Frida, la fille du Maire, laissa ses deux amies, Astrid et Charlotte non pas pour rentrer chez elle mais pour rejoindre la prison. Elle souhaitait s'entretenir avec Gredanne et lui expliquer pourquoi elle avait été désignée comme bouc émissaire. Les vraies raisons, s'entend, bien que le fait qu'elle ne veuille pas voir mourir son père en était déjà une de taille. Elle traversa donc le village, un peu nerveuse d'avoir à affronter la femme la plus mauvaise et retorse qu'elle connaissait. Mais elle avait besoin de son aide et elle avait quelque chose à lui proposer en échange qu'elle ne pourrait pas refuser.
L'endroit où Gredanne était emprisonnée, était un petit bâtiment de pierre contenant trois cellules de trois mètres sur trois. Les portes des cellules ainsi que la porte principale étaient constamment cadenassées de sorte qu'il n'y avait pas besoin de garde. Cela arrangeait Frida qui ne souhaitait pas que sa conversation soit entendue. Elle se servit de la clef empruntée, sans réelle permission, a son père, pour ouvrir la porte principale et se faufila à l'intérieur aussi discrètement que possible. Gredanne se trouvait dans la cellule du fond, avachie sur un matelas a même le sol, ses courts cheveux noirs en pagaille et son corps plus maigre et décharné que jamais. Elle ouvrit un œil froid et calculateur pour toiser Frida mais ne daigna pas bouger plus que ça. Frida s'empara d'un tabouret qui trainait là et s'assit dessus, face à la prisonnière.
-Etes-vous au courant que le village vous a désignée comme bouc émissaire en cas d'indécision lors du vote ? attaqua aussitôt la jeune femme. -Qu'est-ce que ca peut te foutre ? grommela Gredanne. -Je pense, que si vous êtes capable de fournir un effort minime, nous pourrions avoir une conversation un minimum civilisé et très intéressante pour nous deux, jeta Frida avec agacement. -Qu'est-ce que tu pourrais avoir d'intéressant a me dire, gamine ? grogna Gredanne. J'avais déjà vécu trois vies quand tu te baladais encore en couche. -Je pensais qu'une femme telle que vous aurait davantage tendance à prendre toutes les perches qu'on pouvait lui tendre, répliqua Frida d'un ton sec. -Tu penses un peu trop gamine, continue comme ça et tu seras la prochaine à éliminer sur la liste des loups. -Et vous même êtes bien placée pour savoir ce que les loups ont en tête n'est-ce pas ? demanda Frida avec malice. -Qu'est-ce qui te fait croire ça ? -Vous êtes sortis du même moule. Tout comme les loups vous êtes mauvaise, vous volez, tuez et pire encore. Les criminels fonctionnent tous de la même manière, c'est pour cela que vous êtes la mieux placée pour confondre les loups et prévoir leurs actions à l'avance.
Frida s'était exprimé d'un ton hautain et, sur sa couche, Gredanne se redressa lentement jusqu'a se retrouver en position assise. Elle ficha ses yeux noirs dans ceux, bleus, de la jeune fille et la toisa avec mépris.
-Tu peux bien prendre tes grands airs, gamine, que sais-tu de la vie ? Tu es une petite princesse qui vit sa vie bien confortablement grâce a son cher papa qui a une place importante au sein du village. Tout est tellement simple n'est ce pas ? Je parie que tu as des amis fiables, tes parents t'aiment et tu n'as jamais connue de réelle difficulté. Un vrai conte de fée non ? Que sais-tu de la misère ? As-tu eut à choisir entre devenir voleuse ou mourir simplement de faim ? Tu ignores ce que ça fait la première fois qu'une vie s'échappe à cause de toi. Et quand tu réalises a quel point il est facile de recommencer ensuite. Tu n'as jamais eu à survivre, tu vis ta petite vie tranquille, loin de tout cela dans ton petit monde enchanté. En réalité, je suis surprise que tu n'es pas été la première à te faire dévorer, car n'importe qui te voyant aussi ingrate de la chance qui t'es offerte aurait déjà eut envie de te donner une leçon depuis longtemps. Je suis une voleuse. Et je suis aussi une tueuse, une ordure et tout ce qui te conviendra mais prends conscience que de nous deux, c'est bien toi la plus ignorante.
Frida accusa le coup. Elle n'avait absolument pas vu les choses sous cet angle et elle réalisa qu'elle s'était montrée odieuse. Pire encore, elle s'était permis de juger Gredanne alors qu'elle ne savait strictement rien d'elle. Certes, elle n'était pas quelqu'un de bien, c'était une criminelle. Mais elle ne pouvait pas l'apparenter au Mal ainsi. La jeune femme inspira un bon coup puis soutint le regard de Gredanne.
-Vous avez raison, je n'ai aucun droit de vous juger, reconnut-elle. J'ai exagéré et je m'en excuse. Souhaitez vous m'écouter ou non ?
Surprise, Gredanne prit le temps de réfléchir. Elle s'était attendue a ce que cette enfant gâtée nie tout en bloc et s'indigne et a la place, elle avait reconnu ses tords et s'était excusée. Elle était vive et intelligente et cela lui plaisait.
-Tu veux que je t'aide à trouver les loups, grommela la criminelle. Qu'est-ce que tu me proposes en échange ? -Je ferai en sorte que la peine de mort vous soit retirée. Je ne peux pas vous promettre une libération, même si j'essayerai, mais je ferai tout pour que vous évitiez la potence. -Et je dois te croire sur parole ? -Vous n'avez rien d'autre a quoi vous raccrocher. Même si je vous mens vous n'avez rien à perdre à essayer. -Très bien, ça me distraira au moins. Racontes moi tout ce qu'il c'est passé jusqu'a présent.
Frida s'exécuta en étant aussi précise que possible, à une Gredanne qui s'était a nouveau avachi sur son matelas et qui ne paraissait pas écouter un traitre mot de ce qu'elle disait. Quand elle eut fini son récit, elle se racla la gorge, regrettant de ne pas avoir d'eau sous la main.
-Tu es gonflée, dit Gredanne, de venir me proposer d'épargner ma vie alors que c'est toi qui m'a désignée comme bouc émissaire. -Je ne souhaite pas votre mort, expliqua Frida. C'est un piège destiné aux loups. J'espère en confondre quelques uns qui essaieraient de mener à une égalité. Vous avez beau être une criminelle, vous n'avez personne a dos dans le village puisque la seule personne que vous avez tentez de voler a réussi à vous arrêter. Les seuls qui pourraient souhaiter votre mort sont les loups pour épargner l'un des leurs. -Je vois. Tu es intelligente. Ce Caïn n'a pas l'air de l'être beaucoup en revanche. S'il n'est pas un innocent, alors les autres loups plus âgés doivent se ficher qu'il se fasse tuer. Je pense que ce garçon se fait manipuler sans se rendre vraiment compte des risques qu'il prend. Tu me dis qu'il n'y a eut qu'un seul mort cette nuit ? Il faut que tu te renseignes auprès de Grive pour savoir si elle a été tuée par la meute ou par le loup solitaire. -Quoi ? s'exclama Frida. Il y a un loup solitaire ? -Tu n'es pas au courant ? J'ai entendu Grive parler toute seule en passant devant la fenêtre. Comme je suis une prisonnière les gens ne font pas attention et parlent sans craindre que je puisse les entendre. Chaque nuit il y a une personne tuée par la meute et une seconde tuée par un loup solitaire. Probablement un jeune loup si tu veux mon avis. Téméraire et avide de sang et de violence. Si je ne me trompe pas, je pense qu'il n'y a pas que le Mal qui s'est invité dans ce village. Le Bien ne peut pas prendre de forme aussi tangible que celle du loup garou, mais il est possible que la mort qui n'a pas eut lieu soit son œuvre. Le Père ... William ? A l'air d'être un fervent croyant mais même ça, n'aurait pas suffit à sauver le village. Mais partout où le Mal se montre, le Bien est là également. Ca ne me surprendrait pas d'apprendre que certains villageois aient quelques pouvoirs à utiliser contre les loups garous. -Vous pensez que le Père Wilson est au courant de quelque chose ? demanda Frida en appuyant bien sur le nom du prêtre pour corriger Gredanne. -Possible. Il ne faut pas le croire innocent parce qu'il prie. Mais un homme comme lui se donnerait surement la mort plutôt que de vivre en faisant du mal aux autres. D'ailleurs puisque j'y pense, rien ne me dit que tu n'es pas un loup, comme rien ne pourra te rendre sûre que je n'en suis pas un moi même. -Je n'ai pas confiance en vous si c'est ce que vous insinuez. Mais vous êtes derrière des barreaux, je ne vois pas bien ce que vous pourriez me faire. -Je pourrais parfaitement faire passer des informations à la meute. -Si vous faites ça je pourrai aisément découvrir qui sont les autres loups en dehors de vous. Et n'imaginez pas que je n'ai pas dit à quelqu'un ce que je fais en ce moment même. -Tu es une petite maline. Mais ne me mens pas aussi grossièrement. Personne ne sait ce que tu fabrique ici, tu es bien trop méfiante pour l'avoir révélé a qui que ce soit et prendre le risque que toutes tes manigances ne mènent a rien. Tu ne l'auras pas même dit à tes amis les plus chers. Je pense que nous allons faire une bonne équipe, Gredanne. -Je le pense aussi, gamine.
Dernière édition par Inari le Dim 19 Mai - 14:22, édité 6 fois | |
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